05/10/2022 5 Minutes read NFTDigital Twins 

NFT & Digital Twins : des opportunités pour le secteur de l’assurance ?

Les représentations virtuelles d’objets physiques ou numériques que sont les NFT et les jumeaux numériques sont-elles des opportunités pour le secteur de l’assurance ? des facteurs d’évolution de la relation assureur / assurés ?

NFT & Digital Twins : des opportunités pour le secteur de l’assurance ?

Le NFT est un certificat numérique d’authenticité unique, stocké sur la blockchain qui permet de tracer la valeur d’un bien virtuel ou physique, suivre les transactions associées et établir son appartenance ; le jumeau numérique, quant à lui, est une réplique numérique d’un objet, d’un processus ou d’un système. Il est mis à jour en continu à partir de données de son double physique et permet de simuler en temps réel son comportement et de prévoir son évolution tout au long de son cycle de vie.

Si le concept de NFT, support de propriété, a émergé récemment avec le concept de Web 3.0, le jumeau numérique existe depuis plus longtemps, son essor ayant été rendu possible par le développement du Cloud, de l’internet des objets, du big data et le perfectionnement de l’intelligence artificielle.

Ces deux concepts certes assez proches ont la possibilité, chacun de leur côté, de venir transformer voire bousculer certaines règles régissant le secteur de l’assurance.

Les NFT permettent une optimisation des processus assurantiels grâce à une meilleure traçabilité des biens assurés

Les NFT, ces jetons non fongibles, infalsifiables, fondés sur la blockchain sont en train de révolutionner la propriété en ligne. S’ils sont nés avec le gaming et le monde de l’art en 100% digital, c’est leur association avec des biens de la vie réelle qui représente le vrai levier de croissance. De nombreuses entreprises utilisent désormais les NFT comme certificats d’authenticité pour des biens physiques. La simple lecture d’un QR code permet de télécharger une garantie et de la stocker sur un wallet, par exemple, Arianee, ZenGo ou MetaMask.

Si le luxe a été précurseur, l’industrie automobile a rapidement évalué les avantages d’une telle technologie dans le marché de l’occasion et le suivi des informations du véhicule tout au long de sa vie. Toute modification ou opération de maintenance sur un véhicule est tracée et sécurisée sur la blockchain permettant une plus grande transparence lors de la revente du véhicule.

C’est sur ce créneau que se positionne la startup CodeNekt, qui qui vient de lancer un passeport numérique, fondé sur la blockchain Algorand, généré pour chaque véhicule à la sortie de l’usine puis actualisé tout au long de sa vie. Son ambition : Accompagner le conducteur au quotidien et sécuriser tous les usagers de la route.

Cette transparence permise par les NFT est également une opportunité pour les assureurs, comme le prouve le consortium formé à l’initiative de Stellantis intégrant Mobivia (Norauto, Midas, …) mais aussi de nombreux assureurs : Matmut, Crédit Agricole Pacifica, Inter Mutuelles Assistance, Société Générale Assurances et le groupe Covéa. Le futur SUV Tonale d’Alfa Roméo prévu pour 2023 devrait être le premier modèle de la gamme associé à un NFT,

Les assureurs pourraient ainsi enrichir leur offre, moduler les montants des primes en fonction du respect ou non du carnet d’entretien par l’assuré et en faire un réel outil de fidélisation : les conducteurs consciencieux se voyant ainsi récompensés. Ils pourraient également mieux piloter les interactions entre leurs assurés et les différents réseaux de réparation impliqués en préventif ou lors de sinistre (garagistes, carrossiers …).

Plus globalement, l’association de NFT à l’achat de biens de valeur permettrait de simplifier les procédures de déclaration de vol ou gestion de sinistre en tant que preuve de détention et accélérer ainsi les phases d’expertise et d’indemnisation liées aux contrats habitation.  Cependant, dans cet exemple, l’assureur n’est pas le seul impliqué ; l’ensembles des acteurs de l’écosystème, les retailers en première ligne, doivent se moderniser pour proposer ces garanties numériques et les consommateurs / assurés doivent y être sensibilisés et les télécharger.

Concernant l’assurance de personne (santé et prévoyance), la transformation viendra du changement d’approche, de la totale maîtrise de leurs données médicales par les assurés et du choix éclairé et surtout monétisable de leur partage avec tel ou tel acteur.  Ainsi les assureurs pourraient être amenés à adopter des stratégies innovantes pour encourager les assurés à transmettre leurs données (pour concevoir de nouveaux produits, proposer des services de prévention, lancer des études…).

Les jumeaux numériques pourraient bouleverser le paradigme fondamental de l’assurance : l’évaluation du risque fondée sur l’analyse de l’historique

Jusqu’à présent les compagnies d’assurance évaluaient les risques sur la base des données historiques ; données qui parfois manquaient pour pouvoir évaluer correctement certains risques spécifiques faiblement récurrents, comme les catastrophes naturelles, les dérèglements climatiques, ou plus encore les pandémies.  Aujourd’hui les jumeaux numériques fournissent des plateformes virtuelles où tout scénario de risque peut être prédit et évalué.

Le jumeau numérique et les objets connectés associés devraient à terme faire évoluer le modèle assurantiel et le faire passer de la vente de polices d’assurance sensée couvrir un risque induit par un évènement imprévu et compenser les dommages à la fourniture de services de prévention / réduction d’un risque identifié.

Cette évolution du modèle se retrouve concrètement dans les principaux processus structurant la relation assureur / assuré.

  • La souscription qui est l’étape au cours de laquelle l’assureur évalue le risque : l’extension de la collecte de data et la simulation permettraient aux assureurs de fixer des primes plus compétitives et limiter l’antisélection.
  • La gestion du sinistre moment clé de la relation assureur / assuré et levier majeur du NPS peut être accéléré par la limitation des recours aux experts : le jumeau numérique et la télématique associée permettent de reproduire les conditions du dommage survenu et simuler l’accident et son impact sur le bien. Le jumeau numérique permet également à cette étape de réduire le risque de fraude en comparant le dommage simulé et le dommage estimé par l’assuré.

Si les NFT et les jumeaux numériques représentent des opportunités de transformation en profondeur pour les assureurs, ils représentent aussi de nouveaux risques à assurer

Les NFT sont des actifs numériques rares et souvent chers. Au même titre que les biens physiques ils peuvent être assurés.

Bien que réputée inviolable, la blockchain peut être piratée (si des utilisateurs mal intentionnés s’associent pour rassembler plus de 50% de la puissance de calcul), les smart-contracts peuvent se révéler faillibles à cause d’un défaut de conception, la perte de sa clé privée peut empêcher un internaute d’accéder à son wallet. Les propriétaires de NFT peuvent donc se retrouver dépossédés de leur bien numérique.

On recense cependant encore peu d’initiative sur ce marché colossal. Les quelques expérimentations identifiées sont souvent l’œuvre de nouveaux entrants.

Ainsi à Hong Kong, l’insurtech Yas, en association avec la filiale locale de Generali, a initié le lancement d’une série de produits de micro-assurance couvrant divers NFT dans le monde de l’art, tels que des peintures, des chansons, des films…

Toujours à Hong Kong, l’insurtech Onedegree, soutenue par Munich Ré a lancé son offre Oneinfinity qui a pour objectif d’assurer l’ensemble des actifs numériques.

Les dispositifs de jumeaux numériques peuvent également être assurés. Ils sont alimentés par des données en temps réel issues des capteurs (IoT) intégrés au processus réel. Chaque capteur est vulnérable et peut être sujet à piratage. La multiplication des capteurs augmente les opportunités laissées aux cybercriminels. Il est donc indispensable de se faire accompagner tant par un partenaire technique capable d’optimiser la sécurisation du dispositif, mais également par un assureur proposant des produits de couverture des cyber-risques. 

Certaines Insurtech ont bien intégré ce double besoin et y répondent, à l’instar de Stoïk qui propose à la fois un produit d’assurance mais également le logiciel de cybersécurité associé.

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